mardi 15 mai 2012

des larmes et des plumes

C'est en passant ce midi devant un groupe d'ados s'esclafant devant un pigeon mort que je me suis remémorée:

Je devais être en CE1-CE2. Le prof nous passait un documentaire animalier sur la vie des pélicans. C'était super, c'était notre premier film avec les copains-copines, notre premier film à l'école surtout: trop trop mieux que les calculs et la grammaire!!
Et puis voila-t-il-pas que le pélicant il meurre. Laissant derrière lui ses petits affamés (ou ce sont les petits décèdent, j'sais plus mais c'était grave, et c'était la mort!!)!
Non, mais comme ça! Juste devant mes yeux, le drame absolu!
Moi qui n'avait encore expérimenté de la mort que les blattes racornies sous les coups d'insecticide de ma mère, et qu'agée d'environ 1 an je suçotais vaillament croyant qu'il s'agissait de grains de raisins tombés par terre : c't'aubaine!
Une crue intérieure m'a soudaint noyée. Des larmes grondantes et bouillonnantes. Des larmes que la pitite barrière de ma mahousse volonté pourtant, n'a pas pu contenir.
Et devant mes camarades moqueurs et pouffeurs et brandissant des index encore boudinés d'hilarité, je me suis transformée en geser de morve et de larmes, mélé à la rougeur pivoine de la honte et de la frustration de ne pas pouvoir, ET sauver la vie de l'oiseau, ET foutre des grosses baffes à toutes ces hyènes-à-cartable de 7 ou 8 ans!

C'était comme le spectacle de ces boutonneux-ci.
Comment est-il possible d'éclater de rire face à un oiseau mort (ou, concernant mon souvenir d'enfance, s'en ficher complètement et en outre se moquer de la peine que cette mort inflige aux autres)?
Comment parmis ces êtres, d'autres encore y étaient comme au spectacle: à moitié dégoutés, mais totalement fascinés, ne pouvant en détacher les yeux.
D'autres aussi, poussant leurs camarades à aller voir de plus près, et tant qu'à faire à le toucher pour voir!!!
Un autre se cachait les yeux d'horreur, mais d'aucuns ne semblaient tristes.

La comédie humaine!
L'infini tournoiement des sentiments humains face à ce qui l'entoure et qui n'est pas lui.
Chacun sa façon de l'exorciser me direz-vous à juste titre... mais alors pourquoi y en a-t-il si peu que cela transperce de douleur?
Sommes-nous ainsi depuis la nuit des temps, ou le siècle des Lumières nous aura-t-il définitivement déïfiés? Ne nous laissant plus brasser que de l'air pollué, dans notre omnipotence si paradoxalement démoniaque face à une nature dont la plupart préfèrent se moquer...

4 commentaires:

  1. Et bien figure-toi que j'avais le même genre de problème quand j'étais petite : impossible de regarder un reportage animalier sur la savane sans être complètement indignée et démoralisée... Bah oui, pourquoi le reporter n'aidait-il pas cette pauvre gazelle sur le point de se faire bégueter par un lion... "Faut l'aider quand même... et lui là, il la filme tranquillement, sans rien faire... c'est nullllll !".

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    1. parfaitement que tout à fait!!! ralala soit-disant que c'était pour ne pas intervenir sur la nature... sauf que l'Homme, ben le vilain il n'arrête pas de la détruire donc c'est qu'une fausse excuse: BOURREAUX!!!

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  2. Bon admettons que le reporter laisse la gazelle fuir… il fait quoi ensuite ? Il donne une boite de Frolic® au lion pour qu'il ne meurt par de faim à son tour ?

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  3. on a une sensibilité plus ciblée sur certaines races c'est vrai, c'est personnel apres.
    mais concrètement je parle des bêtes qui sont en voie de disparition à cause de l'homme c'est juste insoutenable. Quand tu détruis tu te dois d'équilibrer en sauvant de l'autre côté. C'est à nous de le faire puisqu'on a tout envahi.
    heureusement pour le règne animal qu'il en existe des opportunistes! mais de toute façon sans animaux pas d'hommes... c'est notre humanité qui nous tuera, frolic ou pas.

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